L’Union de la Moldavie/Bessarabie à la Roumanie dans une perspective historique

  Résumé

Partie intégrante de la principauté de Moldavie, la Bessarabie est occupée par l’Empire russe en 1812, avant d’être en partie rétrocédée à la principauté autonome de Moldavie à la suite de la défaite du tsar Alexandre II dans la guerre de Crimée (traité de Paris en 1856). En dépit de l’aide apportée par le prince de Roumanie Carol Ier à ce même Alexandre II lors de la guerre russo-turque de 1877, cette province essentiellement peuplée de paysans parlant le roumain retourne à la Russie après le Congrès de Berlin de 1878. 

Ce que les Roumains considèrent comme une profonde injustice les conduit à adhérer à la Triplice en 1883. En 1914 les patriotes roumains ont cependant davantage les yeux tournés vers la Transylvanie que vers la Bessarabie et un rapprochement est perceptible entre la Russie et la Roumanie. En entrant en guerre du côté des Alliés en août 1916, la Roumanie sait qu’elle doit oublier la Bessarabie. Et pourtant, en avril 1918, du fait d’un retournement de situation inattendu (la révolution russe), l’Union de la Bessarabie et de la Roumanie est proclamée sous l’égide du gouvernement Marghiloman. Cet agrandissement territorial au détriment de la Russie apparaît comme une sorte de compensation accordée par les Austro-Allemands aux dures conditions qu’ils imposent à la Roumanie lors de la paix de Bucarest en mai 1918. 

Alors que la Roumanie rejoint de nouveau l’Entente le 10 novembre 1918, la victoire générale de celle-ci lui permet de gagner sur tous les tableaux grâce à d’habiles négociateurs : Ion I.C. Bratianu, la reine Marie et ses amis français le général Berthelot, commandant de l’armée du Danube, et le ministre de France, le comte de Saint-Aulaire. Comme d’autres nouvelles régions (la Transylvanie, le Banat, la Bucovine, le Quadrilatère), la Bessarabie est donc partie intégrante de la Grande Roumanie de l’entre-deux-guerres, même si les problèmes d’adaptation sont réels. 

Annexée de fait par Staline en 1940 avec la complicité d’Hitler, reprise par Antonescu en 1941, transformée en République soviétique en 1944, la Moldavie est le cadre de crimes de masse pendant le Second conflit mondial et ensuite dans le cadre de l’URSS. Elle fait aussi l’objet d’une politique de déculturation et d’oppression nationale. Indépendante en 1991, elle est l’enjeu de sanglants combats en 1992. Depuis, le statuquo est précaire et le pays est l’un des plus pauvres d’Europe. L’attachement des roumains pour le retour de la Bessarabie à la Roumanie continue d’y être fort, mais les conditions géopolitiques actuelles rendent toute évolution de la situation politique particulièrement délicate.

 
 
 

Jean-Noël GRANDHOMME – CV

 

Professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Lorraine à Nancy.

Conférencier au Collège militaire royal du Canada à Kingston (Ontario).

Ancien membre élu du Conseil national des Universités (CNU).

Membre des comités scientifiques du Mémorial de Verdun, du Mémorial de l’Alsace-Moselle, du Musée de Gravelotte et de l’abri-mémoire d’Uffholtz.

Membre du comité du Bas-Rhin de la mission nationale du centenaire de la Grande Guerre.

 

PRINCIPALES PUBLICATIONS

  1. « La Guerre ne tardera pas ». Les Rapports du colonel Pellé, attaché militaire français à Berlin (1909-1912), en collaboration avec Isabelle Sandiford-Pellé, Armand Colin, Paris, 2014.
  2. Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, en collaboration avec Francis Grandhomme, La Nuée bleue, Strasbourg, 2013.
  3. Les Soldats inconnus de la Grande Guerre. La mort, le deuil, la mémoire (co-dir.), en collaboration avec François Cochet, Soteca-14-18 éditions, Saint-Cloud, 2011.
  4. Henri-Mathias Berthelot (1861-1931). Du culte de l’offensive à la stratégie globale, Ivry, ECPA-D, 2011.
  5. Les Malgré-nous de la Kriegsmarine. Destins d’Alsaciens et de Lorrains dans la marine de guerre du IIIeReich, La Nuée bleue, Strasbourg, 2011.
  6. La Roumanie en guerre, 1914-1919  : de la Triplice à l’Entente, Soteca/ 14-18 éditions, Saint-Cloud, 2009.
  7. Pierre Waline. Avec les crapouillots. Souvenirs d’un officier d’artillerie de tranchées, Presses universitaires de Strasbourg, 2009.
  8. Boches ou tricolores ? Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre (dir.), La Nuée bleue, Strasbourg, 2008.
  9. Ultimes sentinelles. Paroles des derniers survivants de la Grande Guerre, Strasbourg, La Nuée bleue, 2006.
  10. La Roumanie dans la Grande Guerre et l’effondrement de l’armée russe. Édition critique des rapports du général Berthelot, chef de la Mission militaire française en Roumanie, 1916-1918, en collaboration avec Thierry Sarmant et Michel Roucaud (préface du général André Bach), L’Harmattan, Paris, collection Aujourd’hui l’Europe, 2000, 461 p.
  11. Le Général Berthelot et l’action de la France en Roumanie et en Russie méridionale (1916-1918). Genèse. Aspects diplomatiques, militaires et culturels avec leurs incidences. Prolongements et perspectives, Thèse de doctorat, université Paris IV-Sorbonne, 1998, 1531 p. ; publiée par le Service historique de l’armée de terre, Vincennes, 1999, 1120 p. + index (préface du général André Bach). – Prix d’histoire militaire du ministère de la Défense 1999. – Prix Nicolae Iorga de l’Académie roumaine 2001.