samedi 13 avril 2013 | Patricia APOSTOL
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Résumé
Dans son acception classique, le concept de “littéralité” porte sur un niveau sémantique primaire et s’assimile ainsi à la dénotation ou au “sens propre”, s’opposant à l’ambiguïté sémantique ou à la métaphore. Dans le champ artistique, tant littéraire que pictural, la littéralité recouvre plusieurs aspects, de la lettre alphabétique (la littéralité sémiotique) à ce qui dans une œuvre appartient aux propriétés définitoires de son medium artistique (une littéralité comme spécificité artistique).
En littérature, la notion d’ «espace » porte d’abord sur la surface de la page. Mais il y a également une acception non-littérale de l’espace : l’espace littéraire est vu comme un espace formé à l’encontre d’un espace textuel et d’un espace référentiel. Quant aux arts plastiques, la notion d’ « espace » porte d’abord sur la surface de la toile et ensuite, sur un mode de l’apparaître.
Dans ma présentation je me propose de formuler une théorie du récit littéral qui pourrait déboucher sur une esthétique de la littéralité pour ensuite envisager une extension du littéral aux arts visuels. Pour ceci je choisis trois créateurs, un écrivain – Blanchot – et deux peintres – Magritte et de Chirico.
Dans les récits de Blanchot, le concept de “littéralité” se retrouve dans la transformation du medium (le langage verbal) en espace : les faits (que l’on appellera plutôt des «gestes») ne se font plus à travers le langage, mais à l’intérieur du langage. Les récits de Blanchot posent ainsi un statut spécial de la référence : ils racontent, ils ouvrent sur un monde (donc il y a référence), mais ce monde se construit et reste dans la matérialité littérale du texte, sans que le texte soit autoréférentiel. Il s’agit d’un déplacement du rapport sens-référence à l’intérieur de la matière littérale.
Mais comme les récits de Blanchot posent un statut particulier de la référence et du texte lui-même, on pourra définir l’espace littéral blanchotien comme un espace langagier qui se présente soi-même comme critère et comme espace de la représentation.
Je m’arrête ensuite sur le littéral des arts visuels, en analysant les œuvres de Magritte et de Chirico, qui proposent un monde qui coïncide avec son support (un monde de « toile »).
Patricia Apostol – CV
Née en 1988 à Pucioasa, elle est diplômée en Philologie (soutenant une thèse sur le théatre d’Eugène Ionesco) et en Communication (avec une thèse intitulée «Le poétique utilitaire »), à l’Université de Bucarest, en 2009 ; la même année, elle s’inscrit au master de Théorie Littéraire et Littérature Comparée et au master d’Etudes Françaises et Francophones soutenant deux mémoires au sujet de la littéralité. En 2011, elle publie l’article « Nom, objet et leur seuil poétique (Peut-on les amener au théâtre ?)» dans la revue Communication interculturelle et littérature de l’Université “Dunarea de Jos” (Galaţi) et l’article « Oscilații în interpretarea dativului din franceză », dans un volume de linguistique de l’Université de Bucarest (Unitate si Diversitate. Studii de literatura, civilizatie si lingvistica, in Colectia Philologica Priora 1). Elle est maintenant en deuxième année de doctorat au Centre d’Excellence pour l’Etude de l’Image, à l’Université de Bucarest, où elle prépare une thèse sur le littéral en littérature et en peinture, sous la direction des professeurs Sorin Alexandrescu et Andrei Cornea; en même temps, elle prépare une thèse intitulée “Blanchot lecteur”, dirigée par le professeur Radu Toma, à l’école doctorale «Études littéraires et culturelles » de la Faculté de Langues et Littératures Etrangères. Actuellement, elle a une bourse Erasmus à l’école doctorale Histoire de l’Art de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Dès avril 2011, en tant que membre de l’Association culturelle « Irina Izverna-Tarabac si Irina Mavrodin », elle participe au projet collectif de traduction des œuvres de Dora d’Istria.