03 décembre 2016 | Dr. Magda STAVINSCHI, astronome, chercheur honoraire de l’Institut Astronomique de l’Académie Roumaine |
Résumé
Cette année la culture roumaine célèbre 150 ans depuis la naissance de Nicolae Coculescu, fondateur de l’Observatoire astronomique de Bucarest, le premier Roumain qui a participé à une expédition scientifique internationale, le père du savant et écrivain Pius Servien.
Il s’agit de l’éclipse solaire totale qu’il a observée au Sénégal en 1893 avec une équipe française dirigée par H. Deslandres. C’était la période où il préparait une thèse qu’il soutiendra à la Sorbonne sous la direction de F. Tisserand.
Un des membres de la commission était H. Poincaré dont il restera très proche, ainsi que le prouve la lettre trouvée dans les archives Poincaré à Nancy, ou celle dans laquelle Poincaré lui exprime sa satisfaction d’être élu membre honoraire de l’Académie Roumaine.
Rentré chez lui, il a emmené non seulement les connaissances acquises à Paris mais aussi l’expérience des collègues français. La première visite d’une délégation universitaire française après la Première Guerre Mondiale a été à l’Observatoire de Bucarest.
Nommé, en 1908, directeur du nouvel Observatoire météorologique et astronomique, il gère non seulement la construction d’un bâtiment spécial pour l’astronomie, mais aussi la fourniture des meilleurs instruments de l’époque: un cercle méridien et une lunette équatoriale, à la fois de production française.
Tout ce qui s’ensuit se fait en collaboration avec la France et sous son influence.
La dernière reconnaissance de ses mérites scientifiques au niveau international est venue pendant sa vieillesse, lorsque l’Académie des Sciences lui donne en 1939 le Prix Pontécoulant pour ses contributions remarquables à la mécanique céleste.
Presque tout ce que j’ai appris récemment et qui a fait le sujet de la monographie « Nicolae Coculescu – une vie parmi les étoiles » est due à l’énorme correspondance entre lui et son fils Pius Servien.
Conscient de la valeur tout à fait exceptionnelle de son fils qu’il adorait, Nicolae Coculescu l’a stimulé en permanence dans ses études, en partageant avec lui leur amour pour les mathématiques, en particulier et, en général, pour la culture française.
Par ses études sur la théorie des rythmes, Pius Servien a fondé, aux côtés de Matila Ghyka, la linguistique mathématique.
Il a fini ses études, en 1920, au Lycée “Saint Louis” de Paris (prix d’excellence), avec un baccalauréat en mathématique et philosophie.
Il a continué ses études à la Sorbonne, où il obtient en 1923 sa licence en Lettres et un Certificat d’Études Supérieures en chimie physique et radioactivité. Il a passé son doctorat d’État ès Lettres en 1930, à la Faculté des Lettres de Paris.
En 1939, il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur pour services rendus à la littérature française. Son œuvre est couronnée, en 1942, par le Prix Paul Verlaine de l’Académie Française pour son livre de poèmes Orient.
Deux ans plus tard, Paul Valéry et Paul Hazard l’invitent à les joindre au Collège de France où il a délivré des cours sur le langage lyrique. En 1948 il est nommé chargé de recherche au CNRS. Il a écrit 23 livres en langue française et seulement 3 en roumain.
Pius Servien est le premier qui a proposé un modèle mathématique des structures rythmiques. Il a considéré que l’esthétique est une science.
Le 9 Septembre 1949, il obtient la nationalité française, mettant officiellement fin à la lutte qui l’a menée depuis son enfance entre l’amour pour son pays natal et celui qu’il l’a adopté.
Comme son père, il aimait les deux pays et a servi leur culture.
Magda STAVINSCHI – CV
![]() |
Chercheur honoraire de l’Institut Astronomique de l’Académie Roumaine, dont elle était le directeur pendant 15 ans (1990-2005); Président de la Commission Astronomy education and development de l’Union Astronomique Internationale (2006-2009), président du groupe de travail The Future Development of the Ground-Based Astrometry (2000-2009), président du groupe de travail Astronomy and cultural heritage Société Européenne l’Astronomie dans la Culture – SEAC (depuis 2004), membre de la Société Internationale pour la Science et la Religion – ISSR, du Centre International de Recherche Transdisciplinaire – CIRET, Comité Roumain d’Histoire et de Philosophie des Sciences et de la Technologie de l’Académie Roumaine – CRIFST, Président de l’Institut d’Études Transdisciplinaires en Sciences, Spiritualité, Société – IT4S et de l’Association pour le Dialogue entre Science et Religion en Roumanie − ADSTR, Officier de l’Ordre National du Mérite (2005).
Plus de 300 articles scientifiques, dont la plupart dans des revues classées internationales, des centaines d’articles et de vulgarisation.
Co-éditeur des collections „Ştiinţă şi Religie / Science et Religion”, „Ştiinţă şi Spiritualitate / Science et Spiritualité”, éd. Curtea Veche Publishing.
Éditeur ou co-éditeur de plusieurs volumes, dont: Theoretical and Observational Problems Related to Solar Eclipses (1997), Advances in Solar Research at Eclipses from Ground and from Space (2000), Leçons d’astronomie (2003), Perspective româneşti asupra ştiinţei şi teologiei (2006), 14 steps to the Universe (2015).
Auteur ou co-auteur des plusieurs livres: Astronomical Observatory, 75 years of existence (1983), Cometa Halley (1985), La drum cu Pământul (1986), Coopération entre astronomes roumains et français − une longue tradition (1995), Întuneric în plină zi (1999), Mic dicţionar al eclipselor (1999), Small Dictionary of Eclipses (2000), Timpul de-a lungul…timpului (2002), După 122 de ani: Venus şi Soarele (2004), Histoire celeste. Entre Roumanie et France (2008), Astronomical Institute of the Romanian Academy. Bucharest Observatory Centennary (2008), Istoria astronomiei româneşti – DVD (2014), Constantin Pârvulescu, erou şi cercetător al cerului (2015), Astronomul Nicolae Donici; enigme descifrate (2015), Astronomia şi Academia Română (2016), Nicolae Coculescu – o viaţă printre stele (2016).
www.astro.ro/magda