Reportée pour cause de crise sanitaire (coronavirus)
6 mars 2020 à 18 h 00 – salle Paul Pierrotet | M. Christophe JUSSAC. Diplômé de Science Po, Président de la Communauté Franco-Polonaise à Paris, fondateur de Radio Solidarnosc. |
Résumé
Les transformations – c’est-à-dire le passage d’un régime communiste à un étatde droit et de libre marché a eu en Pologne quelques spécificités et beaucoup de similitudes avec les évolutions qui ont eu lieu dans les autres pays de l’Europe de l’Est.
La Pologne qui a connu le soulèvement de Poznan en 1956, le début de victoire à Gdansk et l’avènement de Solidarnosc en 1980, a été souvent un exemple pourles autres pays satellites de l’UnionSoviétique.
Maisl’engagement d’une partie des élites, formées par le régime communiste, pour soutenir les revendicationssociales et politiques des polonais,a marqué une évolutionqui se caractérise par un dogmatisme de façade dominé par le mensonge et la ruse.
Les recherches actuellesmettent en évidence que ce soutien n’était que provisoire et on découvre que le scénario du changement a été souvent écrit par les communistes eux-mêmes. C’est l’œuvre du « Homo sovieticus » comme l’appellele philosophe polonais, le père Josef Tichner, un ami de Jean Paul II.
L’occident, le plus souvent,arefusé de voir cette réalité et a agi laissant l’impression qu’il soutenait les changements à l’Est pour se racheter une bonne conscience, après avoir accepté, par couardise, le partage de l’Europe à Yalta.
En tout cas, moi-même influencé par l’audace des ouvriers de Gdansk et sans esprit critique, je ne voulais voir que ce qui se passait réellement en Pologne. De la même manière nous nous sommes réjouis des promesses de la Table Ronde, qui a été vendue comme un compromis entre le communisme et la démocratie.
Pourtant, aujourd’hui on se rend compte que c’était un scénario élaboré par les communistes eux-mêmes qui ont été les grands bénéficiers de la transformation et que les vrais artisans des changements ont été oubliés et souvent vivent dans la misère.
Les « élites »d’aujourd’hui, formées en grand partie par les anciens responsables communistes et des intellectuels qui ont soutenu un temps les masses des insurgés,se portent très bien. Les pots de vins touchés lors des privatisations sauvages des entreprises d’Etat (potentiellement très rentables, mais seulement mal gérées) au profit des entreprises étrangères, les ont bien aidés.
Des pans entiers de l’économie sont passés sous la direction des groupes étrangers. « Homo soviéticus » savait comment faire pour transformer la propriété collective en patrimoine privé. Une nouvelle dépendance fut ainsi créée, pas au profit de l’Union soviétique mais du grand capital apatride.
Il n’y a pas euune véritable lustration, certainesprofessions y ont échappé totalement. Le meilleur exemple est la justice où les juges deviennent de plus en plus arrogants, surtout après le sinistre crash de l’avion présidentiel à Smolenskdanslequel les leaders anticommunistes polonais dont le président Lech Kaczyński sont morts.
Par la suite on a sapé tous les éléments de l’identité nationale. Les valeurs comme patriotisme, attachement à la religion et à l’histoireont été vilipendées, considérées comme passéistes et rétrogrades.
Le gouvernement polonais dirigé par Donald Tusk pendant huit ans est un parfait exemple d’uneévolution qui a vidé de son contenu les fondements même de l’Union européenne qui a jeté aux orties l’idée de l’Europe des pères fondateurs.
Mais la résistance s’organise et on peut s’attendre à la réélection du Président Andrzej Duda pour un nouveau mandat.
Christophe Jussac – CV
Diplômé de l’Institut des Sciences Politiques de Paris
Doctorat de l’Institut de l’Amérique Latine
En décembre 1981 co-fondateur de Radio Solidarnosc de Paris
De 1984 à 2020 Président de la Communauté Franco-polonaise
De 1989 à 2010 Secrétaire confédéral de la CFTC chargé des questions européennes et internationales