09 mars 2019 à 16h30 | M.Pascal EVEN (historien, spécialisé dans les archives diplomatiques, membre du CTHS, président de l’Académie de la Rochelle) |
Résumé
La déclaration de guerre de la Roumanie à l’Autriche-Hongrie en août 1916 constitue certes un événement majeur pour les Roumains, mais aussi une victoire, provisoire il est vrai, pour la diplomatie française et celle des Alliés. Elle est surtout le terme d’intenses négociations engagées depuis le début du conflit mondial entre Paris et les autres capitales alliées d’une part, Bucarest de l’autre.
La correspondance diplomatique française livre les différentes étapes de ces négociations, les espoirs et la stratégie de la France liée certes par d’anciens liens d’amitié avec la Roumanie, mais soucieuse avant tout d’obtenir, sinon l’entrée en guerre immédiate de la Roumanie auprès des Alliés, du moins le soutien et la neutralité bienveillante de la Roumanie. Le ministre de France à Bucarest, Jean-Camille Blondel, doit en effet s’efforcer de convaincre une classe politique roumaine divisée qui compte d’importants éléments germanophiles, ou considérés comme tels par le diplomate français, au moins jusqu’à la disparition du roi Carol 1er. Il doit surtout s’efforcer de faire prévaloir les directives du gouvernement français pour lequel la Roumanie s’intègre dans une négociation plus large entre les Alliés, notamment avec l’Empire russe.
Les interlocuteurs roumains du ministre de France hésitent, pour leur part, à entrer dans le conflit en dépit des promesses d’agrandissement territorial dont les Alliés ne sont pas avares et ils entendent bien monnayer leur soutien. Ils font monter les enchères tout en essayant de gagner du temps et demandent des garanties ; les événements leur donneront raison. Comme l’affirme à plusieurs reprises Blondel dans ses télégrammes diplomatiques, l’action du ministre de France à Bucarest consiste à inspirer confiance au gouvernement roumain, notamment sur les conséquences de son entrée dans le conflit.
L’exercice se révèle difficile et ce sont des négociations longues et difficiles, ponctuées d’espoirs et de désillusions souvent que révèle la correspondance diplomatique du Quai d’Orsay en cette année cruciale de 1916.
Pascal EVEN – CV
Né le 1er septembre 1955 à La Rochelle.
Conservateur général du Patrimoine honoraire
Etudes au lycée Eugène Fromentin de La Rochelle, 1966-1973
Préparation Ecole nationale des chartes au lycée Henri IV de Paris, 1974-1976
Ecole nationale des chartes, 1976-1980 et diplôme d’archiviste paléographe, 1980 ; avec une thèse sur l’assistance et la charité à La Rochelle au XVIIIe siècle.
Responsable du Centre culturel franco-nigérien à Niamey, 1980-1981 (volontaire du Service national).
Conservateur d’archives au ministère des Affaires étrangères, Archives diplomatiques de Paris, 1982-1986.
Docteur d’Etat NR, Université Paris I Sorbonne, 1986 (thèse : L’assistance et la charité en Aunis et Saintonge sous l’Ancien Régime, XVIIe-XVIIIe siècles.
Responsable du Centre des archives diplomatiques de Nantes, 1986-1993.
Directeur des archives départementales de la Charente-Maritime, 1993-2001.
Chef du département de la politique archivistique et de la coordination interministérielle à la direction des archives de France, 2001-2009
Chargé de la sous-direction de l’accès aux archives et de la coordination du réseau au Service interministériel des archives de France, 2010-2013
Chef du département des archives à la direction des archives du ministère des Affaires étrangères et européennes, 2013-2017
Membre correspondant de l’Académie des sciences d’outre-mer.
Membre du comité des travaux historiques et scientifiques, section d’histoire moderne et des révolutions.
Président de la Société des Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis.
Président de l’Académie des Belles-lettres, sciences et arts de La Rochelle.