La fuite de Roumanie vers la liberté pendant la période communiste: « Frontieristii »

 09 février 2019
à 16h30

M. Mihai BABEANU (ingénieur électronicien, secrétaire général de La Maison Roumaine qui a vécu dans des camps des réfugiés originaires des pays de l’Est), Mme Marina CONSTANTINOIU (journaliste, qui a écrit sur les « frontieristi », membre SEEMO – South East Europe Media Organisation) & Mihai STAUCEANU (technicien mécanicien, un « frontierist » chevronné)

 Résumé  

  • Mihai BĂBEANU: introduction, présentation du sujet et de la problématique. Détails sur les camps de réfugiés, notamment sur ceux d’Italie des années 1956 – 1990, particulièrement celui de Latina où il a séjourné lui-même.                     .Il parlera aussi de la perception qu’ont, les citoyens de Latina et les médias, de l’existence de ces camps.
  • Marina CONSTANTINOIU: développe le sujet qui dérange aujourd’hui encore en Roumanie.                                          .En effet actuellement, le nombre de personnes reconnues coupables de franchissement illégal de la frontière n’est pas comptabilisé. Les noms d’un grand nombre de ceux qui ont été tués lors de ces tentatives, de ceux qui sont morts, noyés dans le Danube, ainsi de ceux maltraités, torturés, emprisonnés pour franchissement illégal de la frontière, n’est pas connu.

 Les méthodes de fuite étaient variées : à la nage dans les eaux du Danube ou dans celles de la Nera, passage à pied, dans des voitures trafiquées, cachés dans des conteneurs, sur des tracteurs, en avion, en bateau, en autobus.

Il ne s’agit pas seulement des roumains mais aussi de citoyens d’autres pays communistes, venus en Roumanie pour tenter de franchir la frontière à la recherche de la liberté.
Ceci concerne particulièrement les citoyens d’Allemagne de l’Est. Pourquoi ce silence, cette méconnaissance ?                              .

Parce que personne, au niveau officiel n’a jamais essayé de rassembler les informations, faire la lumière sur cette tragédie. Les chiffres et les noms ne pourront être connus que lorsque les archives auront révélé la vérité. Les archives de la Securitate mais aussi celles des autres polices secrètes, comme la STASI de l’Allemagne de l’Est.  Il y a aussi les archives des camps des réfugiés établis dans les Etats de transit pour les personnes qui ont traversé les frontières.

Marina Constantinoiu et Istvan Deak, deux journalistes roumains    travaillant pour le site Internet miscareaderezistenta.ro, ont commencé à écrire en mars 2016 sur ce phénomène, en publiant pour la première fois des documents provenant des archives de la Securitate et de la STASI, ainsi que de nombreux témoignages de la part de ceux qui ont tenté leur chance, ou de leurs proches.

  • Mihai STĂUCEANU: évoque son expérience personnelle, notamment celle des prisons roumaines et yougoslaves

 Mihai Stãuceanu, âgé de 18 ans (en 1975), a traversé la frontière yougoslave à pied avec un ami.  Ils ont été capturés par les autorités yougoslaves qui les ont livrés à la police secrète roumaine qui les a torturés et condamnés à un an et 10 mois d’emprisonnement.

Après avoir effectué sa peine ainsi que son service militaire, il a tenté à nouveau en 1981 de passer la frontière en Yougoslavie et il a été de nouveau pris et condamné à trente jours d’emprisonnement. En fin de compte, libéré par autorités yougoslaves, il a passé illégalement en Italie. Il a connu les camps de réfugiés de Trieste et Latina d’où il a émigré au Canada, province du Québec où il habite actuellement.

               Mihai Stãuceanu va nous informer aussi de ses actions en justice contre l’état roumain.

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 Mihai Babeanu – CV 

Né en 1942 à Bucarest, fils et petit fils d’ingénieurs, ildevient lui-même ingénieur en 1968, après des études à l’Institut Polytechnique de Bucarest, faculté d’Automatisme. Son père est détenu politique et il connait les « bienfaits » du régime communiste.

M. Babeanu commence à travailler en Roumanie, au laboratoire de Télécommunications du Ministère de l’Energie Electrique, avant de s’enfuir du  pays en 1973.

En France depuis 1974, il travaille d’abord chez Electronique Aéro Spatiale (EAS du groupe SNIAS) en s’occupant de la protection des communications et à partir de 1991, l’année du démembrement du groupe SNIAS, chez Thomson CSF, devenu en 2000, Thales. Ici il travaille, jusqu’en 2008, au laboratoire de recherche et développement des communications militaires et à la formation des clients. Entre 2008 et 2010 il est ingénieur conseil auprès de United Arab Emirates Air Force à Abu Dhabi.

 Depuis sa retraite, il s’est beaucoup intéressé à l’histoire et à l’actualité de son pays d’origine. Il est l’auteur de deux essais, un autobiographique : « Une Vie, un Dossier… » paru chez Publibook en 2010 et un historique, en roumain : « De la Doamna Chiajna la Elena Udrea » chez Punct (Paideia) en 2013.

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Marina Constantinoiu – CV

 Journaliste qui a consacré son activité aux « frontièristes » en étudiant les dossiers de la Securitate et aussi de la STASI et d’autres services de police politiques des « pays frères ».

Elle suit aussi les actions en justice des personnes dites « frontièristes » en Roumanie et aussi en Allemagne, République Tchèque et autres.

C’est une ancienne élève de la faculté de Journalisme et Sciences de la Communication de Bucarest. Elle a été rédactrice en chef de « Jurnalul National » entre 2002 et 2015. Depuis 2015, elle est membre du SEEMO (South East Europe Media Organisation) et éditrice en chef de miscareaderezistenta.ro.

La campagne de miscareaderezistenta.ro a été distinguée par une mention spéciale dans le cadre du prix CEI-SEEMO et le prix Erhard Busek pour une meilleure compréhension des peuples d’Europe Centrale et du Sud – Est.

Ses articles ont été publiés par Osservatorio Balcani e Caucaso, Courrier des Balkans, Der Freitag.

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Mihai Stauceanu – CV 

Mihai Stauceanu est né en 1957 à Liteni, Suceava – Roumanie.

Après une tentative échouée de passage illégal de la frontière, à 18 ans, qui s’est soldée par la torture et une peine d’emprisonnement, il a réussi à quitter illégalement la Roumanie en 1981.

Il est passé dans les camps de Trieste et de Latina, et en 1982 puis il a émigré au Canada, dans la Province de Québec. Il a travaillé comme mécanicien d’ascenseurs à Montréal. Il y a quelques années il a été obligé de prendre sa retraite à cause d’une invalidité due aux mauvais traitements en prison.

Mihai Stauceanu vit actuellement au Québec et il est bien intégré dans la société canadienne et fait partie de la communauté roumaine de Montréal