La restauration du patrimoine architectural roumain – état des lieux

9 juin 2018
à 16h30 
M. Stefan Manciulescu, architecte en chef des Monuments historiques, Paris
 

Résumé

Moins ancienne mais tout aussi vénérable qu’en France, la véritable préoccupation pour les Monuments historiques en Roumanie date de la fin du XIXème. La très prestigieuse Commission des Monument historiques est composée d’illustres homme de culture comme : N.Iorga, Gh. Bals, I. Ghyka-Budesti, G.M. Cantacuzino etc. Elle sera active jusqu’à son démantèlement en 1947 par le régime communiste.

Malgré la politique anti-culturelle de l’époque, nait paradoxalement en 1955 une petite structure dédiée à la restauration des bâtiment anciens. Ce premier atelier d’une dizaine de personnes, rassemblées autour d’un grand nom de la défense des Monuments : l’architecte restaurateur Stefan Bals.

La Direction des Monuments Historiques (1960-1977), est une institution moderne et originale qui concentre la prescription et l’exécution des projets, regroupe des grands spécialistes (architectes, historiens, ingénieurs, archéologues, chimistes, peintres restaurateurs) et s’appuie sur un réseau national d’artisans ; l’action menée est efficace et les résultats de grande qualité. Ces années voient l’aboutissement d’amples projets de restauration et constituent une vraie exception à l’intérieur du système de répression communiste. Les grands noms de la restauration des Monuments se retrouvent et travaillent ici, dans cet incroyable havre de paix. L’année 1977 est une année noire – c’est le démarrage des grandes destructions à Bucarest et la fin de la Direction des Monuments – spécialistes et artisans de la restauration (près de 3000) se retrouvent au chômage.

Après 1990, avec la chute du régime communiste, les anciennes institutions concernées par le patrimoine bâti sont rapidement reconstituées avec des personnes et un fonctionnement très proche de la Direction dissoute, mais sans véritable base législative. Mais la Roumanie d’après 1990 change très vite et les destructions de Monuments reprennent, à très vive cadence, profitant d’une véritable fracture de la société roumaine ; les pertes architecturales et culturelles sont désormais, presque aussi importantes que celle produite par le règne communiste… mais les initiatives et les sauvetages ne manquent pas…

Cette conférence tentera d’esquisser l’inventaire d’après 1990.

Stefan MANCIULESCU – CV

 Stefan Manciulescu est architecte diplômé de l’Institut d’architecture Ion Mincu de Bucarest et du Centre d’études supérieures et de conservation des monuments anciens, dit Ecole de Chaillot, en 1990. Il est nommé architecte en chef des Monuments historiques en 1996 pour les départements du Cantal, de la Corrèze et de la Haute-Loire. Viennent s’y ajouter ensuite en 2006 l’Hôtel de Béhague/ambassade de Roumanie à Paris, en 2009 la chapelle de l’ancien collège de Beauvais/l’église roumaine rue de Beauvais à Paris, le département des Yvelines depuis 2010 et le Val-de-Grâce à Paris depuis 2013. En tant que praticien de la restauration il a mené des projets et chantiers sur une centaine de Monuments historiques en France. Parmi ses mentions et prix, nombreux édifices du Massif Central, église roumaine de Paris et le projet lauréat au concours de Colmar – bibliothèque des Dominicains, en 2016. Il enseigne à l’Ecole de Chaillot depuis 1992, notamment dans le cadre des ateliers et assure le cours de menuiseries et ferronneries historiques depuis 2012. Stefan Manciulescu a été membre des commissions régionales du patrimoine et des sites Auvergne et Limousin, et en Roumanie membre de la commission présidentielle pour le patrimoine – Bucarest 2008-2009 et de la commission pour la législation du patrimoine – Bucarest 2014-2015. En 1990 il est commissaire (avec Radu Boruzescu) de l’exposition « Patrimoine roumain » (Paris, Hôtel de Sully) et co-auteur (avec S. Martre) du film documentaire « Bucarest-mémoire du mal ». Il a participé à des nombreux ateliers et workshops en Roumanie de 1992 à ce jour : Apostolache, Berislavesti, Breb, Sulina, Curtisoara, Rosia Montana, Bucium, Tibanesti…

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 Cette conférence tentera d’esquisser l’inventaire d’après 1990.