Les Mémoires du général Henri Mathias Berthelot

20 février 2016
        à 16h30

Jean-Claude DUBOIS (Docteur ès sciences physiques, ancien professeur associé à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI),

petit-cousin et fils du légataire testamentaire du général Berthelot)

 

Résumé

Le général Henri Mathias Berthelot est peu connu en France. Il contribua pourtant à la victoire de la Marne en 1914 et à la victoire finale en 1918, en particulier sur le front de l’Europe de l’Est. En Roumanie au contraire, son nom est encore honoré de nos jours. Il est mort en janvier 1931 après avoir rédigé ses mémoires de la Grande Guerre et tapé les trois parties sur les quatre que comptent ceux-ci. Ils sont restés non publiés jusqu’en 1987. Il a légué ses mémoires à son héritier, mon père, Henri Dubois qui avait  hérité également de la maison du Général dans le Forez ; maison pleine des souvenirs que mon père vénérait et qui ont accompagné mon enfance et mon adolescence. J’ai lu très tôt les mémoires du Général dont une clause testamentaire interdisait leur publication avant 20 ans (soit en 1951!).

Le général Berthelot nait en 1861 à Feurs, fils de Claude Berthelot, capitaine de gendarmerie. Après St Cyr, il entre à l’Ecole supérieure de guerre et au début de la Première Guerre Mondiale il est l’un des plus jeunes et brillants généraux. Bras droit du maréchal Joffre, il partage la responsabilité des premières défaites mais aussi du rétablissement qui suit. Mais c’est sur un terrain étranger que Berthelot donne toute sa mesure : c’est un homme de poids dans tous les sens du terme, un gros travailleur avec un esprit clairvoyant. En août 1916, laRoumanie  entre en guerre, sans y être bien préparée et le gouvernement roumain fait appel en octobre à une importante mission française confiée au Général Berthelot qui devient le conseiller du Roi de la Roumanie, Ferdinand.  Il arrive en Roumanie en octobre 1916 et y reste près de trois ans avec une interruption de plusieurs mois suite à la « paix séparée » du printemps 1918 que la Roumanie a dû signer. Après une mission aux Etats-Unis, le Général Berthelot, nommé commandant de l’Armée du Danube, revient en Roumanie, qui a repris les armes (novembre 1918). Aux côtés du roi Ferdinand et de la reine Marie, il entre à Bucarest en vainqueur (1er décembre 1918). En 1927, il est accueilli en héros national en Roumanie. Décédé à Paris en 1931, il est inhumé dans son village de Nervieux (Loire) comme il le souhaitait.

Pour le remercier des services rendus, à la fin de la guerre, l’Etat roumain a  offert au Général, en 1923, un domaine et un manoir à Farcadin, département de Hunedoara. A sa mort en 1931, toute la Roumanie le pleure, plusieurs personnalités assistent à ses funérailles, une délégation roumaine dépose une gerbe du roi Carol II sur sa tombe. Le Général, à sa mort, a légué son domaine à l’Académie Roumaine. La commune de Farcadin a été rebaptisée « Général Berthelot ». Aujourd’hui encore, le Général n’est pas oublié par la Roumanie et plusieurs cérémonies ont eu lieu sur sa tombe en présence de délégations roumaines, dont la dernière en date à Nervieux en 2012.

Avec mon père, dès les années 60, nous avons fait plusieurs tentatives de publier les mémoires du Général (qu’il avait intitulées « Souvenirs de Guerre »). C’est finalement dans les années 80 que ses mémoires ont été partiellement publiées aux Etats-Unis, par le professeur Glenn Torrey. Par ailleurs, Berthelot écrivait tous les jours un grand nombre de  lettres (en tout plusieurs centaines) à son cousin Claudius Dubois, mon grand-père, mais aussi à sa belle-sœur Louise (veuve de son frère Joannes) et à son neveu Georges, fils de son frère. J’ai retrouvé un grand nombre de ces lettres qui illustrent et précisent les événements. Les mémoires ont été publiées en français avec un résumé en anglais. Par la suite, à l’Université de Strasbourg, Jean-Noël Grandhomme, a rédigé sa thèse en histoire sur le Général et a publié un livre très complet sur ce sujet.

Au cours de notre conférence nous souhaitons développer et détailler comment les écrits du général ont contribué à mieux faire connaitre son action et sa personnalité.

 

Jean-Claude DUBOIS – CV

 

Après l’obtention d’un doctorat de chimie de l’Université de Paris au Collège de France en 1964, il entre à la société Rhône-Poulenc. Il entre ensuite en 1967 chez Thomson-CSF (aujourd’hui Thales) au Laboratoire Central de Recherches où il fonde un laboratoire de matériaux pour l’électronique et devient ensuite directeur du groupe « Chimie et céramique ». Il est titulaire de plus d’une centaine de publications. En 1985 il devient chargé de mission auprès de la Direction Scientifique. Retraité de Thalès depuis octobre 1997, il a également été professeur associé à l’ENS et à Paris VI.
Petit-cousin et fils du légataire testamentaire du général H.M. Berthelot, il a oeuvré aussi,depuis les années soixante, pour la reconnaissance de la carrière du Général, en aidant notamment à la documentation des historiens lors de leurs travaux sur celui-ci.