Les églises moldaves à peinture extérieure

17 janvier 2015
          à 16h30

Mme Anca DUMITRESCU, historienne d’art, fonctionnaire UNESCO retraitée

 

Résumé

La décoration intégrale des façades de certaines églises moldaves à la fin du XVe siècle et dans la première moitié du XVIe siècle est un phénomène unique dans l’art de tradition byzantine. Huit églises ayant conservé une bonne partie de leur décoration extérieure ont été inscrites sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette conférence se propose de présenter ces huit monuments et, à travers eux, le phénomène lui-même, phénomène qui a fortement intrigué tant les spécialistes que les visiteurs.

La théorie la plus connue concernant « l’origine et la signification » de la peinture extérieure de Moldavie a été construite à la fin des années ’60 du siècle passé par Sorin Ulea. Lui-même victime du régime totalitaire, il a imaginé une explication de la peinture extérieure conforme à l’idéologie officielle de l’époque. La peinture extérieure aurait été inventée par la volonté du Prince régnant afin de le servir pour « mobiliser les masses » dans la lutte anti-ottomane. Cette théorie a été particulièrement appréciée par les autorités communistes et automatiquement adoptée par l’ensemble des auteurs, certains oubliant parfois de citer Sorin Ulea. La présente conférence combat la théorie majoritairement admise en Roumanie sur les sources et le message de la peinture extérieure moldave.

La Moldavie, région historique de la Roumanie moderne, fondée au XIVe siècle, a connu une assez rapide extension et devint un Etat capable de créer une civilisation assez exceptionnelle. Dans le domaine de l’art des XVe et XVIe siècles, tant l’architecture que la peinture sont à tel point originales que l’on doit parler d’un « style moldave ».

L’histoire et la position géographique du pays expliquent la formation de ce style national. Les relations étroites avec les maîtres bâtisseurs de Transylvanie, la présence de maîtres Serbes (réfugiés après l’occupation de leur pays par les Ottomans) et la vieille tradition de l’architecture locale en bois sont les trois éléments se trouvant à l’origine de l’architecture de style moldave. De même, un complexe croisement de traditions, certaines d’origine byzantine (véhiculées par des artistes Serbes), d’autres du gothique international (venues de Transylvanie) et d’autres venues de la Russie (Etat en pleine expansion politique, territoriale et culturelle), a forgé la peinture monumentale moldave. Le génie des artistes moldaves a été de combiner les diverses influences dans un esprit créatif et novateur et de créer ainsi un art national de grande valeur.

Les églises étudiées, à une exception près, datent de la fin du règne d’Etienne le Grand (1457 – 1504) et des deux règnes d’un de ses fils et successeurs Pierre Rareş (1527 – 1538 et 1541 – 1546). Ces églises ont de nombreuses caractéristiques communes, tout en étant très différentes. Le phénomène de la peinture extérieure correspond à une mode particulièrement coûteuse qui a dû cesser avec le temps par un besoin d’économie.

 

Anca DUMITRESCU – CV

 

Anca Dumitrescu est une historienne de l’art, Ancienne élève de l’Ecole du Louvre, diplômée de l’Ecole des hautes études en sciences sociales, spécialisée dans l’art byzantin. Elle a passé une thèse à l’Université de Paris I sur L’iconographie du Jugement dernier à la fin du Moyen Age. Elle a enseigné une dizaine d’année l’histoire de l’art roumain à l’Université de Paris IV, mais a consacré sa carrière à la sauvegarde du patrimoine culturel ayant été fonctionnaire internationale à l’UNESCO. Parmi ses publications et communications scientifiques, quelques-unes ont été dédiées à l’art moldave des XVe et XVIe siècle.

 

 

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