25 avril 2015 | M. Alexandru MATEI, essayiste et chercheur (Collège Nouvelle Europe) & enseignant (Université Lumina), Bucarest |
Résumé
Malgré le poids heuristique du Rideau de Fer dans l’historiographie de l’Europe de l’après-guerre, on tend souvent à oublier le quasi-répit du Dégel post-stalinien. Or, s’il a certes un mot à dire dans la façon dont on comprend nombre de termes politiques et historiques qui décrivent l’Europe contemporaine, il acquiert une signification particulière dans le cas de la télévision. Cette dernière est en Europe de l’Est l’enfant du dégel, alors qu’en Europe de l’Ouest, elles est soumise à des contraintes sans commune mesure avec la liberté dont jouit la presse. Les années 1960 représentent, par conséquent, un moment de convergence Ouest-Est, dont une approche comparative France-Roumanie peut rendre compte.
Dans ma conférence, je vais parler tout d’abord des années 1960 dans les deux pays, du point de vue de l’histoire des médias, m’efforçant de relier politique, société et évolution de la télévision. Je vais parler des magazines d’informations et présenter les quelques émissions que la télévision française – la première et surtout la seconde chaîne – consacre à la Roumanie, à partir de 1964 et jusqu’à la chute de Nicolae Ceausescu. Je vais montrer comment, pour des raisons différentes, la Guerre froide entre la Roumanie socialiste et la France ne s’est pas manifestée à la télévision et que ce ne fut qu’après la prise de pouvoir par Gorbatchev que les relations entre la France et la Roumanie ont connu un refroidissement décisif.
Un autre moment fort de convergence dans l’histoire des deux paysages télévisuels est la généralisation de la télévision de niche, avec pour principe directeur l’accessibilité généralisée de tous ses contenus. Je vais dans la seconde partie de la conférence parler des chaînes d’information qui ont changé, depuis le début des années 2000, le statut de la télévision publique, tout comme la forme et le contenu de ce qu’on appelle “information”.
Pour finir, la question suivante sera posée: en quoi les promesses culturelles et idéologiques de la télévision “nationale” pourraient-elles être tenues à l’époque du narrowcasting, alors que le consommateur est, apparemment, le seul maître de ce qu’il consomme?
Alexandru MATEI – CV
Alexandru MATEI (né 1975) est essayiste, chercheur (Collège Nouvelle Europe) enseignant (Université Lumina, Bucarest). Son livre sur la littérature française contemporaine – Les Derniers jours de la vie de la Littérature, Bucarest, Cartea Romaneasca, 2008, a reçu le Prix de l’Association de Littérature Générale et Comparée de Roumanie, le prix de la revue Paradigma et a été retenu sur la liste courte des prix de la revue Observator cultural (2009). Il publie en 2011 un recueil d’essais sous le titre Le Tombeau du communisme roumain (Bucarest, IBU Publishing) et la version remaniée de sa thèse sur l’œuvre de Jean Echenoz (Jean Echenoz et la distance intérieure, Paris, Harmattan, 2012). Il publie en outre des articles dans les principales revues culturelles de Roumanie. Lors d’un sondage fait par la revue 22 auprès de critiques, il est considéré comme le meilleur jeune essayiste en 2008. Depuis 2010, il a commencé une recherche sur l’histoire de la Télévision Roumaine socialiste qui a abouti au livre Une Tribune captivante. Télévision, idéologie, société dans la Roumanie socialiste, 1965-1983 (Bucarest, Curtea Veche, 2013).