Un Français dans l’Histoire de la Roumanie: Marcel Fontaine

26 avril 2014
       à 16h30

Mme Micaela GHITESCU, Présidente de la Fondation Culturelle Memoria – Bucarest
écrivaine

 

Résumé

Présent dans l’histoire de la Roumanie du dernier siècle pendant près de 70 ans, Marcel Fontaine a rejoint la Mission Berthelot et participé à la Grande Guerre (1916-1918) en tant que jeune capitaine d’infanterie. Il a été décoré des croix de guerre roumaine, française et tchécoslovaque. Revenu en Roumanie en 1919, dans la Mission universitaire française, il a d’abord enseigné à Turnu Severin et Craiova, puis à Bucarest où il a été nommé proviseur du Lycée français et finalement directeur des derniers cours publics de l’Institut Français des Hautes Études.

En 1948, suite à l’instauration du régime communiste, il a été expulsé, avec les autres enseignants français, au moment de la fermeture de l’Institut et du Lycée français. Mais, de par son attachement à la Roumanie et aux valeurs occidentales de liberté et de démocratie, Marcel Fontaine n’a quitté la Roumanie que physiquement.

En 1949 il devient le chef de la section Roumanie de la Radiodiffusion Française, poste qu’il occupe jusqu’en 1956. Dans ce contexte il rassemble une riche documentation, portant sur la situation de la Roumanie occupée par les soviétiques, sur la base de laquelle il rédige des éditoriaux, transmis toutes les semaines, le dimanche. Ceux-ci, modèles de journalisme courageux et actif, étaient une source d’information importante dans un pays sous domination communiste.

Les archives de la section Roumanie ont été déposées par Marcel Fontaine lui-même, après son départ à la retraite, à la Bibliothèque de l’Institut Roumain de Fribourg (Allemagne) où elles se trouvent actuellement. Elles occupent plusieurs longs rayons de bibliothèque et constituent une très riche source pour l’histoire de la Roumanie à cette époque. J’ai eu l’occasion de les consulter et d’en publier un nombre de pages dans la revue “Memoria” que je dirige. Les sujets abordés parlent d’eux même: le Goulag roumain (entre autres, souvenirs d’un co-détenu sur Monseigneur Vladimir Ghica); l’expropriation des propriétaires terriens; la nationalisation des pharmacies; la situation des médecins; celle des avocats; celle des ouvriers; la réforme de l’enseignement; la distorsion de l’enseignement de l’histoire dans les écoles; la distorsion de l’enseignement du français; la censure de la correspondance; la Moldavie d’au-delà du Prut, etc. Néanmoins, cette riche documentation doit être exploitée plus à fond et j’espère que ceci ne tardera pas d’arriver.

En ma qualité d’ancienne élève du professeur Fontaine, détenue politique, condamnée pour la fréquentation de l’Institut Français et pour avoir entretenu des relations avec la France, ma communication sera en grande partie un témoignage sur le combat que Marcel Fontaine a mené, après la Deuxième Guerre Mondiale et pendant les premières années de la guerre froide, d’abord à Bucarest, dans le cadre de l’Institut et du Lycée Français, puis à Paris comme responsable de la section Roumanie de la Radiffusion Fançaise.

Micaela Ghitescu – CV

Licenciée en philologie romane, écrivain et traductrice littéraire, Micaela Ghitescu est une ancienne détenue politique condamnée à 4 ans dans le procès du “lot français” intenté en 1953 par le régime communiste aux personnes qui avaient gravité autour de l’Institut Français des Hautes Études de Bucarest avant sa fermeture, en 1948.

Poursuivie, harassée et marginalisée jusqu’en 1990, elle a bénéficié, depuis, de bourses du Ministère de la Culture de France, de la Fondation Gulbenkian et de l’Institut Camões du Portugal, a reçu des prix littéraires roumains et portugais, a participé à bon nombre de congrès et réunions politiques et littéraires en Roumanie et dans différents pays d’Europe et d’Amérique. Elle est chevalier de l’ordre national roumain “Serviciul Credincios” et officier des ordres brésiliens “Rio Branco” et “Cruzeiro do Sul”.

Elle est actuellement présidente de la Fondation Culturelle Memoria et directeur de la publication trimestrielle “Memoria – revue de la pensée emprisonnée”.