La science de l’information et sa place en Roumanie

29 juin 2013
     à 16h30

Yves François LE COADIC –  ingénieur,
professeur honoraire au Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris

 

Résumé

Nouvelle discipline scientifique qui a accompagné et parfois précédé le développement de l’Internet, la science de l’information est née dans le monde anglo-saxon. Elle a connu dans le monde latin, en France et en Roumanie par exemple, un développement tardif et modeste. La mise en perspective historique des prolégomènes de cette discipline et des concepts fondateurs me permettra d’apporter quelques explications à cette situation. 

Ce qui caractérise les quatre disciplines qui ont été actives jusqu’à présent dans le domaine de l’information, à savoir la bibliothéconomie, la muséconomie, la documentation et le journalisme, c’est qu’elles ont toutes porté un intérêt particulièrement grand aux supports de l’information et non à l’information elle-même. Le livre dans la bibliothèque, l’objet dans le musée par exemple ont été longtemps recueillis, entreposés, stockés, par le conservateur, aux seules fins d’une conservation patrimoniale. Documentalistes et journalistes ont affiché de plus grandes intentions vis-à-vis de l’information (tout en accordant aussi au document et aux médias une attention importante : le médium est aussi le message). Mais, ils n’ont pas toujours bénéficié des compétences nécessaires pour la maîtriser.

Ensuite, je m’attacherai à étudier de plus près les évolutions qui ont marqué l’apparition, en Roumanie, des savoirs documentaires et informationnels à côté des savoirs bibliothéconomiques traditionnels.

Les bibliothèques, lieux traditionnels des savoirs bibliothéconomiques, constituent un ensemble important de conservation du patrimoine culturel roumain. Le système des bibliothèques publiques roumaines a connu plusieurs changements en fonction du contexte social, politique et économique. Elles sont confrontées aujourd’hui à un important challenge technologique qui va les obliger à repenser leurs services. En 2008, l’élaboration de la politique publique sur la numérisation du patrimoine culturel roumain a été effectuée. Comme dans de nombreux pays européens, Grande-Bretagne, France par exemple, une nouvelle grande bibliothèque nationale a vu le jour en 2012.

Les savoirs documentaires et informationnels quant à eux ont accompagné le développement des activités de recherche scientifique et technique et universitaires, surtout dans le domaine des sciences physiques et biologiques, les sciences sociales et humaines restant les parents pauvres de ce développement. Comme les autres économies planifiées de l’Europe de l’est, la Roumanie a développé un système d’IST (information scientifique et technique) regroupant les bibliothèques et les infrastructures informationnelles, principalement dédié à l’information scientifique et technique.
Et, en Roumanie comme en France, si les formations bibliothéconomiques étaient assurées de longue date par la Bibliothèque nationale, les formations universitaires en science de l’information ne se sont pas mises en place avant les années 90.

Accompagnant l’émergence de ces savoirs informationnels, se sont mises en place, progressivement, un ensemble de structures qui visent à donner statut scientifique et statut social à la science de l’information. Ce sont ainsi les livres, les revues scientifiques, les banques de données et les services Internet.

La présente communication après avoir passé en revue, d’une manière assez approfondie, quelques concepts préalables tels : Bibliothéconomie, Bibliologie, Documentation, Muséconomie, Journalisme, Information, aborde le cœur du sujet : de la bibliothéconomie à la science de l’information en Roumanie. Les lieux, l’enseignement de la science de l’information, la recherche ainsi que les livres et les revues sont présentés.

 

Yves François LE COADIC – CV

Né le 12 octobre 1942, Yves-François LE COADIC a fait ses études secondaires au lycée Jules-Simon de Vannes en Bretagne. Il obtient en 1964 un diplôme d’ingénieur de l’ENS de Chimie de Rennes. Ce qui lui permet, après un DEA en physique du solide, de préparer au CEA, à Grenoble, un doctorat d’ingénieur dans le laboratoire du Professeur Néel, prix Nobel de physique. À la faveur d’un séjour au Canada, il s’intéresse à la politique de la science et à celle de l’information scientifique. De retour en France, il prépare un doctorat d’État sur « La structure et la dynamique des systèmes d’information scientifique » sous la direction des professeurs Dubois et Escarpit. Après un séjour de recherche aux USA, il met en place, de 1982 à 1993, au sein du ministère de l’Éducation et du ministère de la Recherche, différents programmes de recherches en science de l’information. Il a été de 1987 à 2008 Professeur de science de l’information au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), à Paris.

Principales publications :

La science de l’information, PUF, « Que sais-je ? », 2004 ; traduit en plusieurs langues dont en roumain: Stiinta informarii, Sigma, Bucarest, 2004

 – Usages et usagers de l’information, Armand Colin, coll. « 128 », Paris, 2004

 – Éléments de statistique et de mathématique de l’information, Les Presses de l’ENSSIB, Villeurbanne, 2002 ; traduit et publié dans plusieurs pays.

 – Dictionnaire de l’information – science, technologie et management, Armand Colin, Paris, 2000

 – Le besoin d’information – formulation, négociation, diagnostic, ADBS Éditions, Paris, 1998

 – Dictionnaire encyclopédique de l’information et de la documentation, Nathan, Paris, 1997