13 avril 2013 | Angelo MITCHIEVICI – philologue, |
Résumé
La cinématographie roumaine d’avant ’89 (le vrai cinéma et non pas celui issu de la propagande communiste) misait sur le codage des gestes de distanciation critique par rapport au message idéologique de la propagande, en utilisant un langage ésopique, la polysémie des symboles avec un esprit subversif. Il était donc naturel qu’après 1989, le cinéma roumain, libéré de la censure communiste, devienne un espace de réflexion sur l’expérience totalitaire. L’évolution qui a mené à ce qu’on appelle aujourd’hui le « Nouveau Cinéma Roumain » a connu deux étapes : celle d’avant l’année 2001 et celle d’après.
Il a fallu plus d’une décennie pour que le cinéma roumain trouve sa voix. Pendant cette première période celui-ci se penche tant sur l’échec de l’expérience communiste que sur le monde d’après ’89 déformé par les ingénieries sociales communistes et celles de la période de transition. Contrairement à l’utopie idéaliste qui a généré les fantômes idéologiques de L’âge d’Or communiste, cet intervalle de création a été caractérisé par la dystopie et la parabole maniériste, ainsi que par un expressionnisme avec des notes hystériques.
L’année 2001 et le premier film de Cristi Puiu ont apporté le changement et l’émergence du nouveau cinéma. Il est sans précédent dans la cinématographie roumaine. La Nouvelle Vague Roumaine, maintenant le Nouveau Cinéma Roumain, traités parfois pour „minimalistes”, mettent en lumière un néoréalisme iconoclaste, des tranches de vie nue et la banalité de la vie quotidienne, qui révèle ses paradoxes et ses absurdités. Que ce soit la dernière décennie du communisme ou la première décennie de la transition, les cinéastes de la Nouvelle Vague (Cristi Puiu, Cristian Mungiu, Cristian Nemescu, Catalin Mitulescu, Radu Muntean, Corneliu Porumboiu et beaucoup d’autres) ont fait la radiographie d’une société grièvement traumatisée. Dans cette analyse l’ironie, l’absurdité et un mélange particulier de tragique et de comique trouvent entièrement leur place. Les films donnent droit à l’apophtegme du dramaturge Eugène Ionesco: „Il y a peu de chose qui sépare l’horrible du comique.”
La communication portera sur ces deux étapes du cinéma roumain d’après ’89 en insistant sur la deuxième, celle des films qui ont connu un grand succès international. Elle sera illustrée par de courts extraits de quelques films.
Angelo MITCHIEVICI – CV
Né en 1972 à Dragasani, Roumanie, diplômé en philologie de l’Université de Bucarest, A. Mitchevici est maître de conférence de littérature comparée à l’Université « Ovidius » Constanta. Depuis 2007, il est chroniqueur de film à «Romania Literara» et de 2010 à 2012, il a été directeur de département à l’IICCMER (l’Institut d’Investigation des Crimes du Communisme et la Mémoire de l’Exil Roumain). Il travaille sur un projet de recherche intitulé L’imaginaire esthétique du projet identitaire roumain (1880-1947). Il est membre de la FIPRESCI (La fédération internationale de la presse cinématographique).
A. Mitchievici a publié trois livres: „Simbolism si Decadentism in Arta” (Institutul European), “Umbrele Paradisului. Scriitori romani si francezi in Uniunea Sovietica” (Humanitas), “Decadenta si decadentism in contextul modernitatii romanesti si europene” (Curtea Veche).