8 décembre 2011 | Prof. Dr. Valeriu Dulgheru – Professeur à l’Université |
Résumé
En 1812, une partie du peuple roumain, habitant entre les rivières de Prout et Dniestr a été détachée du corps du pays mère et soumis à un dur processus d’assimilation et dénationalisation. Il a résisté avec difficulté et cherche aujourd’hui son identité.
Un miracle s’est produit en 1918 quand la Bessarabie a voté son retour à la mère patrie. Malheureusement, l’invasion soviétique du 28 juin 1940 met fin à cette évolution naturelle qui commençait à guérir les blessures provoquées par l’occupation russe. C’est désormais la page la plus noire de l’histoire de la Bessarabie qui commence, bien plus dure que celle connue à l’époque des tsars. Les méthodes utilisées par les « libérateurs soviétiques » ont été diaboliques, perfides d’une cruauté sans nom. Les tortionnaires soviétiques sont revenus aux méthodes d’Ivan le Terrible de mutilations psychologiques et physiques de l’homme.
Décapités de l’intellectualité après la première occupation russe de 1812 et après les deux occupations soviétiques de 1940 et 1944, les roumains de Bessarabie ont su retrouver leur identité vers la fin des années 1980 et renaitre comme « un phénix de ses cendres ». Les premières manifestations d’éveil national ont eu lieu en Bessarabie à la fin de 1987, à l’époque du dégel de Gorbatchov. Des quelques centaines de manifestants réunis par le cénacle « Alexe Mateevici » à la fin de 1987, leur nombre a crû constamment atteignant des dizaines de milliers de participants aux manifestations de l’année 1998 pour culminer avec plus de 700.000 lors de la grande Assemblée Nationale du 31 août 1989, quand la langue roumaine a été déclarée langue d’état et l’écriture latine a remplacé le cyrillique.
Un rôle de choix a été joué dans ce processus par le « Front Populaire » organisé et animé au début par les écrivains. Malheureusement, par la suite, à sa tête se sont infiltrées des taupes des anciennes structures qui ont détourné la marche naturelle de l’histoire. De trop courte durée a été l’enthousiasme, trop facilement ont été perdus certains acquis. Le diable rouge a été sous-estimé, l’empire soviétique en agonie a créé toutes sortes d’enclaves dont en Moldavie la Transnistrie et la Gagauzie. La guerre de 1992 déclenchée par la Russie contre la Moldavie en Transnistrie s’est transformée en un conflit sans fin.
Pendant les huit ans du régime communiste de V.Voronine (2001-2008) une nouvelle campagne de dénationalisation par l’éducation a été mise en place. Ces agissements ont heureusement donné naissance à une réaction et des énergies se sont mobilisées afin que la flamme de la renaissance nationale ne s’éteigne pas. Un rôle important a été joué par le « Forum Démocratique des Roumains de Moldavie – FDRM » avec à sa tête le poète Nicolae Dabija. Soutenu par l’enthousiaste mouvement de la jeunesse du 6 -7 avril 2009, il a permis le renversement du régime communiste. Malheureusement, à cause de l’immaturité politique du nouveau gouvernement libéral – démocrate, la situation reste incertaine.
Aujourd’hui à la veille de l’anniversaire des deux cents ans de l’occupation de la Bessarabie par la Russie tsariste, les roumains de la République Moldave cherchent désespérément de retrouver les qualités de la génération qui a permis le retour de la Bessarabie à la Roumanie en 1918. Le régime totalitaire communiste a donné naissance à des générations d’opportunistes qui avec les halogènes sont de nos jours la cinquième colonne de la Russie.
Que se passe-t-il, aujourd’hui dans le territoire entre les rivières Prout et Dniestr? Quelles sont les évolutions au plan politique, économique, social, culturel, en République de Moldavie ? C’est à ces questions que cette conférence essaiera de répondre, après avoir évoqué la tragique histoire, des deux derniers siècles, des roumains habitant à l’est de la rivière Prout.
Valeriu Dulgheru – CV
Diplomé de la Faculté de Mécanique de l’Institut Polytechnique de Chisinau (1978), Docteur ès Sciences Techniques (1987) de la même université et Habilité à Diriger les Recherches en Sciences (1995), il est aujourd’hui professeur d’université, titulaire de chaire à l’Université Technique de Chisinau.
Auteur d’environ 670 travaux scientifiques incluant 26 manuels et monographies techniques et 165 brevets d’invention, il a écrit également 10 livres portant sur l’histoire et l’état actuel de la Bessarabie et plus de 300 articles concernant ce domaine. Il est membre correspondant de l’Académie Roumano-Américaine et a eu de nombreuses distinctions: Prix d’Etat pour la Science et la Technique, Médaille d’Or de l’Organisation Mondiale de Propriété Intellectuelle (OMPI), le Prix l’Inventeur de l’Année 2006 de l’Académie de Moldavie, chevalier de l’ordre belge Mérite de l’invention, etc.